Ce week-end, Nintendo organisait un événement afin de promouvoir sa prochaine console, la 3DS, qui sort le mois prochain. Pour ceux qui ne suivent pas l'actualité vidéo-ludique, il s'agit de la console portable qui va succéder à la grande famille DS (DS, DS lite, DSi, DSi XL...). Elle a pour particularité d'introduire un nouveau concept, à l'instar de ses grandes sœurs Nintendo (écran tactile sur DS, reconnaissance de mouvements sur Wii), pour une expérience de jeu toujours renouvelée. Cette fois-ci, il s'agit d'un écran 3D sans lunettes. Oui, oui, la même 3D que celle dont on entend parler partout en ce moment, mais ici sans lunettes !

Modification : j'ai ajouté mon avis personnel sur la console, en fin d'article.

Ce week-end, c'est la première fois que le nouveau bébé de Nintendo est mis entre les mains du public, qui peut donc enfin voir cette 3D dont on nous parle depuis quelques mois, et avoir un aperçu des premiers jeux dont la console disposera. Autant dire que c'est un événement que je ne pouvais pas manquer, en tant que fan de la première heure !

Nous sommes donc dimanche matin, il est 8h, et je sors de chez moi, me dirigeant vers Makuhari Messe (c'est aussi là qu'avait eu lieu le Tokyo Game Show).
Le trajet se déroule bien jusqu'à ce que je me trompe de ligne de train au dernier changement : quand on manque d'indications et qu'on est pressé/excité, on fait n'importe quoi !
Cette mésaventure m'aura au final fait perdre 30 minutes, me faisant arriver une demi-heure avant l'ouverture (qui est à 10h).
Cela m'aura au moins permis de faire une rencontre. Sur la fin du trajet, mon voisin de siège dans le train, japonais, remarque, pendant à mon sac à dos, ce petit champignon vert que tout joueur de jeux-vidéo reconnaitrait - le 1-UP (une vie) de Super Mario Bros. , et me demande, en japonais bien sûr, si je me dirige moi aussi à Makuhari Messe pour essayer la 3DS. S'en suit une discussion sympathique où je lui explique ce que je fais au Japon, et nous parlons de jeux-vidéo, une passion commune donc.
Nous discuterons, principalement de jeux-vidéo (nouveaux comme anciens) tout au long de la journée, dans les files, en attendant notre tour pour jouer. Ce fut pour moi une très bonne expérience, me permettant à la fois de pratiquer mon japonais "sur le terrain", mais aussi de constater que je peux tenir une discussion, parfois laborieuse certes, en japonais !

Revenons au sujet premier de mon déplacement : le Nintendo World 2011 et la 3DS. À notre arrivée sur place, 9:30, nous constatons déjà une immense file d'attente devant les portes d'entrée de la salle d'exposition : nous ne sommes évidemment pas les seuls à vouloir découvrir la bête, et beaucoup étaient prêts à faire la queue très tôt pour... faire un peu moins la queue ensuite, dans la matinée ! À croire qu'attendre est un sport national !

On nous distribue un dépliant pour nous faire patienter. Ce dernier expose un plan de l'exposition, quelques règles à suivre concernant les photos (en particulier, il est interdit de prendre la console en photo), et un programme des événements sur scène.

Avant de passer aux jeux, quelques chiffres :

• 16 stands (dont 4 stands doubles) pour 16 jeux différents parmi lesquels :
  • 3 applications/mini-jeux inclus dans la console
    • Face Shooting
    • AR (Augmented Reality) Games
    • Camera (l'appareil photo)
  • 5 jeux Nintendo
    • Nintendogs + Cats (stand double)
    • Kid Ikarus (stand double)
    • Pilotwings Resort
    • Steel Diver
    • The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D
  • 8 jeux d'éditeurs tiers (Capcom, Konami, Namco...)
    • Dead or Alive Dimensions (Koei Tecmo Games)
    • Sengoku Musou Chronicles (Koei Tecmo Games)
    • Ridge Racer 3D (Bandai Namco Games)
    • Super Street Fighter IV 3D Edition (Capcom)
    • Resident Evil : Revelations (Capcom) (stand double)
    • Professeur Layton (Level 5)
    • Winning Eleven 3D Soccer (Konami)
    • Metal Gear Solid Snake Eater 3D (Konami) (stand double, et seul jeu non jouable parmi tous ces stands)
• 24 consoles par stand (et donc 48 pour les stands doubles)
• un temps d'attente pour jouer allant de 5 minutes à 180 minutes (de ce que j'ai vu), pour pouvoir jouer (180 minutes étant attribuées à Zelda)
• un temps de jeu allant de 4 minutes à 8 minutes (pareil, de ce que j'ai vu)
• 67 3DS supplémentaires présentant des démos non jouables de 32 jeux

Les stands étant pleins en permanence, je vous laisse imaginer le nombre de personnes qui ont défilé pour essayer la console.

Commençons donc la journée par The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D. Ce jeu est le remake de l'opus sorti sur Nintendo 64 il y a plus de 10 ans, avec quelques apports : améliorations graphiques, utilisation de l'écran tactile, utilisation des fonctions gyroscopiques de la console pour viser (heureusement non obligatoire), et, évidemment, utilisation de la 3D.

Nous nous dirigeons vers ce jeu en premier car c'est un des plus populaires du salon, et nous espérons attendre un peu moins longtemps en nous jetant dessus dès l'ouverture... Peine perdue, on nous annonce 2h20 d'attente, tant pis, nous attendrons. Pour patienter, nous sortons nos consoles portables, jouons un peu, discutons...

Maintenant, mes impressions sur le jeu. La démo propose 3 niveaux : le village de Kokiri, l'arbre Mojo, et un combat contre Gohma, le boss du niveau susnommé. À la fin de la journée, j'aurai eu l'occasion de faire les trois. Premières constatations lors de la prise en main, la console doit faire le même poids et les mêmes dimensions qu'une DS lite, et... je vois trouble ! La faute à l'écran 3D. Je comprends qu'il est nécessaire de tenir la console à bonne distance, et bien en face des yeux, pour un rendu optimal. Si l'on s'écarte un peu de ces conditions idéales, alors l'image devient double, voire floue. C'est vraiment dommage pour une console portable, qu'on aurait tendance à amener partout, et à utiliser dans des conditions variées et pas forcément idéales.

Concernant le jeu lui-même, premier constat : c'est beau ! Le jeu n'est plus aliasé, les textures on été affinées, c'est globalement très bon. Les contrôles sont assez intuitifs, mais j'ai trouvé le stick directionnel un peu glissant, nécessitant de repositionner son pouce régulièrement. On n'a plus que deux boutons pour utiliser des objets, contre les trois boutons C jaunes de la version Nintendo 64. On utilisera d'autres objets via l'écran tactile. En parlant des objets, la fronde reçoit une nouveauté intéressant, mais qu'on n'utilisera que chez soi : on peut viser en déplaçant la console autour de soi, comme si c'était un viseur qui tirait dans le monde réel ! Pour sûr, l'immersion s'en trouve grandie, mais le joueur n'aura pas l'air finaud à gigoter de la sorte dans le métro...

Globalement une très bonne impression donc, aussi bien pour la console que pour le jeu, même si j'ai quelques doutes concernant les longues sessions de jeu.

Deuxième jeu sur la liste, une autre star du salon, Kid Icarus (新・光神話　パルテナの鏡, Shin Hikari Shinwa, Partena no Kagami en japonais). Ce jeu signe le retour d'un héros qui n'a pas eu de jeu dédié depuis plus de 20 ans (il a cependant fait quelques apparitions entre temps, dans d'autres jeux). Le concept est intéressant : le personnage est de dos, on le contrôle avec le stick directionnel, tire avec une gâchette, et vise avec l'autre main, sur l'écran tactile. La prise en main au salon était facile, mais facilitée par un socle qui tenait la console. J'ai bien peur qu'une fois la console en main, ce soit une autre paire de manches... Graphiquement, c'est ici aussi très joli, jusque là, la console ne me déçoit pas sur ce point.

35 minutes d'attente pour jouer 6 minutes, un ratio plus acceptable que pour Zelda, mais heureusement que les files d'attente ont une vue sur la scène (ou sur des écrans la retransmettant), afin d'assister aux différents événements se déroulant dans la journée. Le plus important pour moi, celui à ne pas manquer, était le petit concert live où un veritable orchestre a joué des arrangement de musiques de plusieurs jeux-vidéo : Donkey Kong Country, un medley de la série Zelda, un autre de la série Mario, et un dernier medley des musiques d'Animal Crossing. Kazumi Totaka, célèbre compositeur ayant travaillé sur de nombreux jeux de la firme, a même fait une apparition !

Voici une vidéo, plus professionelle et de meilleure qualité que mes piètres essais, de l'ensemble du concert :

Il est déjà temps de faire une pause, mais je regrette de n'avoir rien amené a manger : il n'y a rien à manger à l'intérieur, et je n'ai pas tellement envie d'aller perdre mon temps à l'extérieur pour trouver de quoi me sustenter... Je me contenterai donc d'un café au lait - extrêmement sucré - acheté sur place. Note à moi-même : penser à acheter à manger la prochaine fois.

Pilotwings Resort, le jeu suivant, est aussi issu d'un jeu plus vieux, Pilotwings, qui doit avoir plus de 15 ans. Il s'agit d'une simulation aérienne, où l'on peut utiliser avion, parachute, deltaplane et jetpack. Bon, les graphismes sont identiques au jeu Wii Sports Resort (l'île est la même), on peut utiliser son Mii en jeu, mais je n'ai rien trouvé de fascinant dans les épreuves que j'ai passées. Un jeu plutôt lent, consistant à suivre une trajectoire dans les airs...

Après cette petite déception, nous avons essayé deux mini-jeux qui seront inclus dans la console. Il s'agit de Face Shooting et AR (Augmented Reality) Games. En fait, les deux ont un principe très similaire, utilisant la caméra 3D pour ajouter des objets virtuel dans notre monde réel (c'est ce qu'on appelle la réalité augmentée). Le premier scanne le visage du joueur, le modélise en 3D, et en fait une cible mouvante, qui fronce les sourcils et ouvre la bouge, dans laquelle il faut d'ailleurs lancer des projectiles. Le second nécessite une carte en papier pour se repérer dans l'espace. Une fois qu'on a visé la carte, il y pose un décors, duquel sortiront des cibles, qu'il faudra viser. Il sera nécessaire de se déplacer autour du décor pour atteindre certaines cibles. Le concept de ces deux jeux est très intéressant, immersif (on est dans le jeu !), mais ça ne reste pour le moment qu'un concept sous-exploité (ce ne sont que des mini-jeux livrés avec la console après tout), qu'on ne sortira pas de chez soi...

Petite anecdote amusante en aparté, mais que tout le monde trouve parfaitement normale ici : chaque console était parfaitement nettoyée par une hôtesse à chaque changement de joueur. Parce que oui, un revêtement brillant, et un écran tactile, ça accroche les traces de doigts !

Nintendogs + Cats : arrivée des chats dans ce jeu de... de quoi en fait ? Dans ce jeu, il n'y a pas d'objectif. On s'occupe de son animal de compagnie. On le câline, on joue avec, on lui lance la balle, on lui fait prendre un peu, on lui donne à manger...

Je ne trouve pas le genre intéressant, mais il plait à beaucoup de "non joueurs" (encore plus au Japon qu'en France). L'attente n'étant que de 5 minutes, c'était l'occasion d'essayer un jeu de plus. Pas grand chose à dire, le concept n'a pas changé, les graphismes sont là aussi plus fins, la 3D fonctionne bien, et les animaux dont on s'occupe sont toujours aussi mignons (ou kawaii, かわいい, comme on dit ici).

Enfin, puisqu'il restait encore assez de temps pour essayer un autre jeu, j'ai essayé Super Street Fighter IV - 3D Edition (qui a dit que Capcom était spécialiste dans l'allongement des noms de jeux-vidéo ?). Et là, catastrophe... Rien à reprocher aux graphismes, pas grand chose à la 3D. Mais les contrôles... Sûrement l'élément le plus important de ce genre de jeu : une maniabilité au poil... Je crois juste que la 3DS n'est pas adaptée au genre... Le stick analogique ne permet pas une précision suffisante, et la croix directionnelle est placée bien trop bas pour être utilisable. Ne parlons pas des gâchettes, qui sont moins accessibles que celles d'une manette de Super Nintendo. Le comble est peut-être d'avoir mis sur l'écran tactile quatre zones, qui, d'une simple pression, réaliseront différents coups spéciaux du personnage (Hadôken, Tatsumaki, Super, et Ultra pour Ken), je trouve que ça enlève une partie du jeu (les puristes me diront qu'à haut niveau, le problème n'est pas de réaliser un coup spécial, mais de savoir quand le placer). 

Ainsi se termine la liste des jeux auxquels j'ai pu jouer.

Une autre zone de la salle était dédiée à des démos vidéo de nombreux jeux. 64 3DS accrochées à un mur y diffusaient en boucle les vidéos de démonstration de ces jeux. Je n'ai jeté un œil qu'à celle de Kingdom Hearts 3D, une série que j'affectionne. La vidéo était très courte, mais les passages in-game dénotent une bonne qualité graphique (égale voire supérieure aux opus PS2 de la même série).

Non loin de là se trouvait une petite vitrine exposant la line-up de la console, à savoir les coloris de console (Aqua Blue et Cosmo Black) et les jeux qui seront disponibles le jour de la sortie.

Sur la troisième photo ci-dessus, un panneau affichant le temps d'attente dans chaque stand d'essai. Les 100 minutes sont pour Zelda, et les 50 sont pour Professeur Layton (il ne m'est pas venu une seconde l'idée d'essayer un tel jeu en japonais).

En conclusion, c'était une bonne expérience, le genre que je rêvais de vivre depuis bien longtemps : assister à un salon Nintendo, découvrir une console en avant-première, parler japonais...

Toutes les photos sont dans la galerie Nintendo World 2011.

Addendum : on m'a reproché mon manque de subjectivité (!) dans mon compte-rendu, ne donnant pas réellement mon avis sur la console. Alors voici en quelques lignes ce que j'en pense.

Est-ce que la 3DS est une vraie claque ? Non. Je me suis bien amusé, j'ai trouvé la 3D plutôt convaincante (autant que de la 3D à lunettes), j'ai bien ri devant AR Games ou Face Shooting, me prenant au jeu, mais non, je n'ai pas été bluffé. Je modèrerai ces propos en rajoutant que la console semble quand-même en avoir beaucoup dans le ventre. Car outre la nouveauté de la 3D, il ne faut pas oublier le reste (je pense particulièrement à la Wii, qui, proposant un nouveau gameplay, a fait fi de la performance), et la 3DS montre qu'elle en a. Nous n'en sommes qu'au début de vie de la console, et, déjà, les jeux qu'on nous montre sont beaux. J'ai parlé un peu plus haut de qualité égale voire supérieure à la PS2 pour Kingdom Hearts, je pense même que Kid Icarus, Zelda et Ridge Racer (dont j'ai vu des images), sont encore un cran au dessus.

Non, l'écran 3D ne révolutionnera pas le gameplay, en tout cas, pas comme l'a fait l'écran tactile il y a 6 ans, ou même la Wiimote il y a 4 ans. L'avenir me donnera peut-être tort (je ne souhaite que ça), mais c'est mon avis pour le moment.

Question prise en main, on retrouve celle d'une DS lite, avec un stick analogique à la place de la croix, chose fort utile pour tous ces jeux qui demandent de la précision (et ce stick en a), mais qui décevra les adeptes de jeux 2D et de la classique croix directionnelle. Cette dernière est d'ailleurs assez mal placée, bien trop bas pour être utilisée en permanence (un peu l'effet inverse de la PSP, qui avait son stick analogique mal placé, favorisant l'utilisation de la croix). Autre détail qui m'a troublé dans le salon : le bouton Power a encore changé de place, et prend la place du bouton Start des DS lite et DSi ! Ce qui m'a occasionné deux redémarrages intempestifs de la console. Le bouton Start est situé sous l'écran, à côté de boutons Select et Home. Les photos font penser que ce sont des touches tactiles, mais il n'en est rien, on sent un clic quand on appuie dessus.

Quant à la line-up, rien de transcendant, et probablement rien qui me pousse à l'acheter le jour de sa sortie ici au Japon, surtout à ce prix (25.000¥, soit dans les 230€).